Le cadre thérapeutique
Il s’agit de thérapies psychocorporelles, elles vont avoir un impact global sur le patient : au niveau psychique, cognitif, neurologique, relationnel, corporel, sensoriel et moteur. Les objectifs de la prise en soin seront définis dans un projet thérapeutique propre à chaque suivi. Un cadre thérapeutique précis est également défini et mis en place, le thérapeute en est le garant.
Pour pouvoir mettre en place son cadre thérapeutique et créer des projets thérapeutiques individualisés, le thérapeute procède au recueil de l’anamnèse du patient ainsi que de sa plainte et de sa demande de soin. Il évalue également ses difficultés et ses capacités pour lui proposer des dispositifs de soin ajustés et adaptés.
Le cadre thérapeutique est fondamental, tant physique que psychique. Il se doit d’être contenant, enveloppant, sécurisant, étayant, permettant l’expérience des éprouvés corporels et l’émergence d’émotions qui leur sont liées. Mais nous tenons à dire qu’il n’y a pas de cadre modèle. Chaque équipe ou chaque soignant met en place le cadre qui convient, en fonction des pathologies et des projets thérapeutiques. Le thérapeute est garant de ce cadre et se doit de respecter cette rencontre singulière qui va permettre de tisser des liens entre les 3 protagonistes : le patient, le soignant et le cheval.
Une relation triangulaire
cheval - patient - thérapeute
L’expression des émotions passent souvent par des substrats corporels comme les attitudes, gestes, tonus, regards, utilisation de l’espace (éloignement/rapprochement), manifestations végétatives ; elles sont prises en compte par le thérapeute qui est à-même d’en restituer un sens sous forme de messages corporels ou langagiers. C’est grâce à ce feed-back que la relation transférentielle s’établira dans une véritable relation triangulaire. Le thérapeute accueille les symptômes de ses patients sans chercher directement à les réduire. Son attitude est faite d’empathie, de congruence (Carl Rogers).
Les bénéfices pour les patients
Lors du traitement des troubles psychiques, il n’est pas rare qu’au début d’une Thérapie Avec le Cheval des possibilités de régression soient proposées mais dans une dynamique évolutive de réaménagement des fonctions psychiques et physiologiques. Ce remaniement des modalités psychiques s’appuie sur des expériences corporelles structurantes que les thérapies avec le cheval induisent largement comme le portage ou le dialogue tonique par exemple. Les sensations de portage sont à rapprocher des sensations de holding de l’environnement maternel que décrit Winnicott. Un dialogue tonique peut s’installer entre l’animal et la personne : les actions et les émotions du sujet entraînent une action et une émotion du cheval et réciproquement, comme dans le dialogue tonico-émotionnel du tout petit enfant et de son environnement familial évoqué par Ajuriaguerra. Après ces vécus psychocorporels régressifs proposés par le thérapeute, celui-ci peut introduire progressivement l’imaginaire et le symbolique, pour aboutir à une communication passant par la réalité et le langage verbal. Ces possibilités de régression dans une dynamique évolutive permettent ainsi un remaniement des modalités, corporelles, émotionnelles, affectives, intellectuelles, relationnelles, de la communication à soi, à autrui, au monde extérieur.
Sur le plan corporel, la mise à cheval des patients apporte un très grand nombre de bénéfices grâce à la mobilisation passive induite par le mouvement du cheval qui marche au pas. L’ensemble du corps du patient est alors mobilisé dans un mouvement tridimensionnel et rythmique qui reproduit celui de la marche de l’Homme. On observe chez les patients une amélioration du tonus postural grâce au recrutement tonique de l’axe induit de manière réflexe par cette situation. On observe également un assouplissement de tout le corps, un redressement axial, une diminution des mouvements parasites et des troubles du tonus, une amélioration de la respiration, un relâchement ainsi qu’un renforcement musculaire.
À qui s'adressent-elles ?
Elles s’adressent à toutes personnes, enfants, adolescents, adultes ou personnes âgées en demande de soin, dans les domaines de la pathologie physique ou mentale ou présentant des difficultés psychiques (dépression, troubles des comportements alimentaires, addictions, désorientation…), ou encore en rupture sociale.
Le rôle du thérapeute
C’est lui qui garantit un cadre rassurant et contenant, et assure, dans la sécurité, des séances thérapeutiques individuelles ou de petits groupes au sein d’un centre équestre, d’un poney-club, dans un centre spécialisé qui possède des chevaux et des installations, ou dans ses propres installations parfois.
Il définit le projet avec les personnes concernées (patient, famille ou institution), explique le dispositif et le cadre au patient, à sa famille ou à l’institution. Il rédige des rapports, des évaluations des progrès des patients.
Il travaille en réseaux avec les médecins prescripteurs, les équipes de soins ou les équipes éducatives qui suivent le patient, au cas où la demande de prise en charge émane de la famille.
Ses séances sont adaptées de façon individualisée à chaque patient.
Le rôle du Cheval
C’est le thérapeute qui introduit le cheval auprès du patient et le patient après du cheval. Ce dernier est très souvent présenté non harnaché (pas de selle, pas de filet et mors, avec juste un licol), c’est-à-dire libre dans ses mouvements, car il doit être un réel partenaire qui a son rôle à jouer. Son statut d’être vivant, de sujet animé est exploité dans toutes ses dimensions.
Les chevaux sont des animaux grégaires qui apprécient le contact avec les hommes et sont curieux de nature. Nous utilisons donc ces compétences pour leur laisser parfois l’initiative de renouer une relation coupée ou suspendue, en les laissant, par exemple se déplacer, et venir sentir (renifler) le patient qui s’est éloigné.
Grâce à la présence du cheval on peut plus facilement s’autoriser à être sans faire, cela est précieux pour le patient comme pour le soignant. Le cheval aide le thérapeute à ne plus vouloir faire ou dire et à se contenter d’être pleinement avec son patient. Le thérapeute peut alors « laisser être » le patient avec l’animal en laissant, sans trop intervenir, leur relation se construire.
Le cheval ne parle pas, on peut tout lui dire, jamais il ne nous trahira. Le cheval ne juge pas, on peut être totalement nous même en sa présence sans avoir peur des qu’en dira-t ’on.
Il est très expressif, on peut imaginer ses pensées et ses intentions. Son attitude, ses réactions, son expressivité corporelle et son comportement offrent toutes sortes d’interprétations possibles qui en disent souvent bien plus sur celui qui interprète que sur le cheval lui-même. En effet, il est une surface de projection idéale et un véritable support d’identification.
Le cheval n’est pas thérapeute, il ne soigne pas. Il EST cheval, tout simplement. C’est d’ailleurs bien là sa plus grande qualité. Il n’a aucune intention à l’égard du patient contrairement au soignant qui a l’intention de prendre soin de son patient. Il ne désire rien pour le patient contrairement au thérapeute qui désire identifier les besoins et essayer de répondre à la demande de son patient. Il ne porte aucun jugement à l’égard du patient contrairement au praticien qui repère et évalue les capacités, les difficultés et les progrès de son patient.
Le cheval n’a pas de patients, il vit des moments avec des personnes. Il est là tout simplement, il est présent, il est vivant, il est attentif, réactif, sensible, émotif. Il est entier, vrai et sincère. A chaque instant, il pense à ce qu’il fait et il fait ce qu’il pense. Il vit l’instant. Il est toujours ici et maintenant, totalement présent.
Comment agissent les thérapeutes avec le cheval ?
Suivant le projet, l’existence ou non de contre-indications et le désir du patient, ce dernier pourra ou non monter sur son cheval. D’autres approches peuvent être proposées : travail aux longues rênes, travail en voltige adapté, attelage et aussi, temps de rencontre dans le troupeau de chevaux en pâture, etc.
